Alors que la trentième Conférence des Parties (COP30) s’ouvre à Belém, au Brésil, du 10 au 21 novembre 2025, les signaux envoyés par l’Union européenne suscitent de vives inquiétudes parmi les acteurs engagés dans la défense de l’environnement. Malgré un rôle moteur dans la lutte contre le réchauffement climatique depuis l’Accord de Paris, l’Europe semble aujourd’hui infléchir ses ambitions. Une nouvelle version de la loi climat, visant 2035 et 2040, a récemment été adoptée, tandis que des textes controversés, dont un projet de réforme de la fiscalité énergétique et une série de législations regroupées dans le paquet « Omnibus », sont en discussion.

Pour Corinne Lepage, ancienne ministre de l’Environnement et eurodéputée, si l’Europe a historiquement assumé une part significative des efforts de réduction des émissions, notamment via le Green New Deal, elle assiste désormais à un démantèlement méthodique de ces acquis. Selon elle, le processus engagé par l’Union traduit un abandon progressif de sa position de leader, au moment même où la Chine prend l’ascendant sur les technologies de décarbonation. En réduisant les contraintes pesant sur les entreprises, l’UE risquerait de freiner la transformation économique pourtant essentielle à sa compétitivité.
Claire Nouvian, directrice de l’ONG Bloom, alerte quant à l’arrivée imminente du premier des neuf textes Omnibus, prévu pour le 3 décembre 2025. Celui-ci ciblerait notamment le devoir de vigilance, qui impose aux multinationales la responsabilité juridique de leur chaîne de production. La militante dénonce une dissonance flagrante entre les discours tenus à Belém et les décisions prises à Bruxelles, reflet, selon elle, de l’influence croissante des lobbys industriels au sein même des institutions européennes. Cette dérive, alimentée par une montée de l’hostilité à l’écologie, menace de vider de sa substance le projet climatique européen.
