Le congrès européen de la chimie verte, Plant Based Summit, avait lieu à Lyon jusqu’au 24 mai. Les recours aux ingrédients d’origines végétales s’accélèrent et le secteur compte actuellement 200 centres de recherche et d’usines.
À la recherche de matière première à prix compétitif, l’industrie chimique se tourne vers les ingrédients d’origine végétale en raison de l’explosion du prix du pétrole au début des années 2000. Moins centrée sur la compétitivité, mais plus sur la valeur ajoutée environnementale et la fonctionnalité, l’innovation reprend le dessus, selon le président de l’ACDV (Association chimie du végétal).
Le Plant Based Summit veut passer le message de l’impact carbone moindre : des procédés peu énergivores, des ressources renouvelables moins émettrices de gaz à effet de serre et un meilleur taux de biodégradabilité.
La chimie verte est aujourd’hui arrivée à maturité à l’image des différentes start-ups de Clermont-Ferrand qui ont réalisé un investissement total de 90 millions d’euros en 6 mois afin de construire leurs premières usines, selon le chargé de projet Innovation d’Axelera, Philippe Le Thuaut. Les financements du fonds SPI dans ce domaine sont montés à quatre en moins d’une année avec Evertree et Carbiolice. Plus les dizaines de millions levés ou investis chez Algaïa, Olvea et le parc Chemstart’up de Lacq.
Afyren qui, à destination du cosmétique et de la parfumerie, transforme le sucre en acides organiques, compte 8 ans de développement. Le projet Metex compte déjà 20 ans de fabrication d’acide butyrique et de propanediol à base d’huile de colza.
La chimie du végétal utilise la biomasse renouvelable pour récupérer le carbone nécessaire pour synthétiser de nouvelles molécules. La nouvelle biochimie, quant à elle, utilise beaucoup de sucre de canne et de betterave ainsi que l’ensemble de ses dérivés (cellulose, amidon, lignite, farine, etc.).
Pour fabriquer des plastiques et des tissus, la grande famille des carbohydrates permet l’obtention de molécules de base tricotées en longues chaînes de polymères.
Pour mesurer la proportion d’ingrédients biosourcés contenus dans le produit final de grande consommation, l’ACDV essaie de populariser la norme européenne TC411.
L’ACDV a établi une cartographie de la chimie verte en France et recense aujourd’hui 200 sites de recherche et usines. La France est bien placée pour favoriser la chimie biosourcée qui valorise les déchets provenant de l’agroalimentaire, des sous-produits du bois et les ressources non-comestibles (écorces, tiges, algues, guar, ricin…). En effet, elle est la deuxième puissance chimique (6e mondiale) et le premier pays agricole européen.
Les professionnels estiment qu’en France, le secteur représente 24 000 emplois directs, 10 milliards d’euros de chiffre d’affaires (avec 6 % de croissance par an) et 400 000 euros de chiffre d’affaires par emploi.