À Lapouyade, en Haute-Gironde, un site de traitement des déchets géré par Veolia vient d’entrer dans l’histoire énergétique française. Pour la première fois dans le pays, une installation de valorisation des déchets participe à la réserve secondaire, un mécanisme de régulation du réseau électrique supervisé par RTE, le gestionnaire du transport d’électricité. Ce centre, initialement conçu pour l’enfouissement, est aujourd’hui un maillon stratégique de l’équilibre du réseau, mis à l’épreuve par la montée des énergies renouvelables, plus variables.

Grâce à la méthanisation des déchets non recyclables, le site produit du biogaz, transformé en électricité via des moteurs contrôlables à distance. Cette production, désormais ajustable en temps réel, permet de répondre en moins de trente secondes aux signaux de déséquilibre envoyés par RTE. L’exploitation de cette flexibilité repose sur les compétences de la filiale Flex City, qui a conçu un système numérique capable d’adapter instantanément la puissance injectée ou retirée du réseau, parfois pendant quelques secondes seulement. Ce fonctionnement est strictement encadré par des protocoles de disponibilité et des pénalités en cas de manquement.
Lapouyade devient ainsi un démonstrateur d’une nouvelle approche énergétique. Pour Veolia, cette initiative préfigure un déploiement plus large : 25 sites seront équipés de ce dispositif d’ici 2026. Déjà, le groupe produit plus d’un térawattheure d’électricité par an, l’équivalent de la consommation de 200 000 foyers. Au-delà de la prouesse technique, cette initiative souligne le potentiel insoupçonné des déchets dans la transition énergétique, offrant à la fois souplesse, innovation et stabilité à un réseau en pleine mutation.
