Les différents types de dispositifs d’assainissement
L’assainissement écologique des eaux usées, centré sur la préservation des milieux aquatiques et leur valorisation, existe depuis longtemps. Au XIXe siècle, ce terme désignait la restitution à la terre des principes fertilisants que les eaux renferment et le retour aux rivières des liquides dépourvus de leurs éléments polluants.
Au fil des années, ce concept a peu à peu perdu son sens, car les villes se sont agrandies et ont rompu le lien avec leurs campagnes.
NOTION D’ASSAINISSEMENT COLLECTIF ET D’ASSAINISSEMENT INDIVIDUEL
Le traitement des eaux usées a toujours été une nécessité pour des raisons sanitaires, écologiques et réglementaires. En effet, les effluents non traités risquent de favoriser la dégradation des écosystèmes aquatiques et d’entraîner des maladies graves.
Par le passé, et même de nos jours, les eaux usées sont essentiellement épurées par un système de collecte et de traitement commun destiné à un grand nombre d’usagers. L’ensemble des effluents domestiques est ainsi transporté vers une station d’épuration pour être traité et restitué dans les rivières (ou dans le sol). C’est ce qu’on appelle assainissement collectif ou tout-à-l’égout.
Cependant, selon des statistiques récentes, près de 600 000 logements en France ne sont pas encore raccordés à l’égout et rejettent leurs eaux usées directement dans la nature.
La loi les oblige donc de mettre en place un système autonome permettant d’épurer leurs effluents domestiques. Dans ce cas, on parle d’assainissement non collectif (ANC), le sujet de notre dossier d’aujourd’hui.
LES DIFFÉRENTS TYPES DE DISPOSITIFS D’ASSAINISSEMENT INDIVIDUEL
Il existe différents types de dispositifs d’ANC, que l’on regroupe en deux grandes catégories : les filières traditionnelles et les filières agréées.
Parmi les filières traditionnelles les plus connues, on peut citer la fosse toutes-eaux suivie d’un épandage. Pour ce système d’assainissement, les bactéries présentes naturellement dans les eaux usées domestiques peuvent digérer les matières polluantes.
L’inconvénient des filières traditionnelles est qu’elles requièrent un cout d’installation et d’entretien important. De plus, leur emprise au sol peut aller jusqu’à une centaine de mètres carrés.
Depuis l’arrêté du 7 septembre 2009, le ministère de la Santé et de l’Environnement a agréé plusieurs dispositifs d’assainissement individuel. Comparés aux filières traditionnelles, ces dispositifs sont plus compacts et plus performants. Et surtout, ils sont conformes aux normes en vigueur.
Dans ce dossier, nous avons donc choisi de vous présenter les différents types de filières agréés.
LE FILTRE COMPACT
Ce dispositif fonctionne comme une filière traditionnelle, c’est-à-dire qu’elle traite les eaux via une double épuration (physique et bactérienne). Par contre, il ne nécessite qu’une très faible emprise au sol (10 m² pour un filtre compact de 5EH contre 20 m² pour un épandage) : c’est à cela qu’il doit son nom !
Principe de fonctionnement
La phase de prétraitement des eaux usées se fait dans une fosse toutes-eaux classique (décantation des matières solides). Le filtre compact est également doté d’une deuxième cuve (massif filtrant) contenant un média filtrant : fibre de coco, zéolithe, coquilles de noisette, laine de roche, etc. Ce média assure l’épuration des eaux, de la même façon qu’un épandage.

Schéma de fonctionnement du Tricel Seta (Source : Tricel)
Avantages
- Fonctionnement sans électricité.
- Installation rapide et facile, même en nappe phréatique.
- Filière écologique : éligible à l’écoprêt à Taux Zéro.
- Système compact : emprise au sol de moins de 15 m2.
- Médias filtrants écologiques, performants et durables (durée de vie de 4 à 10 ans pour la laine de roche, de plus de 10 ans pour les dérivés de coco et la zéolithe).
- Système supportant parfaitement les variations saisonnières (il peut de ce fait être installé dans une résidence principale ou secondaire).
- Le filtre compact ne produit aucun bruit.
Prix
Un filtre compact, constitué d’une fosse septique et d’un massif filtrant, est accessible à partir de 7 000 jusqu’à 12 000 euros. Ce tarif inclut généralement celui de la livraison et de la pose du dispositif. La différence de prix s’explique par différents paramètres :
- La marque du filtre compact.
- Le nombre d’habitants, et donc la capacité du dispositif.
- Le matériau utilisé.
- Le prix de la pompe de relevage en cas de besoin.
- Etc.
En quelques mots, le filtre compact est un dispositif ANC efficace qui permet de rejeter directement les eaux usées dans la nature. Cependant, il existe aussi une autre filière qui lui est similaire, mais qui est beaucoup plus compacte : la micro-station d’épuration.
LA MICRO-STATION D’EPURATION

La microstation Oxyfix C-90
La micro station d’épuration figure parmi les dispositifs ANC agréés les plus prisés. C’est un système très compact qui reprend le fonctionnement des stations d’épuration municipales, mais à petite échelle. De ce fait, elle peut s’adapter à un logement, un groupe de logement, voire même un camping ou un lotissement !
Principe de fonctionnement
Pour faire simple, l’épuration des eaux se fait par le biais des bactéries présentes dans la station.
Dans cette catégorie, il convient de faire une petite distinction entre 3 technologies :
- Lorsqu’elle est dite « à boue activée », la micro station reprend le fonctionnement classique de la station d’épuration municipale, mais adaptée à une utilisation individuelle. Ce dispositif peut générer beaucoup de boues. Il est également très sensible aux variations d’occupation du logement.
- Une micro station à culture fixée, quant à elle, utilise un support de culture bactérienne, fixée en milieu de cuve. Ce dispositif a l’avantage de ne générer qu’un volume de boues modéré. D’ailleurs, c’est le dispositif ANC le plus répandu en matière d’assainissement non collectif.
- Vous pouvez également opter pour une micro station SBR. Son fonctionnement est un peu différent de celui de la micro station à boue activée ou à culture fixée. Un dispositif électronique permet d’alterner les phases de décantation et de traitement des eaux usées, et ce dans une même cuve. L’avantage du système SBR est qu’il est très compact.
Avantages
Comparé aux filières traditionnelles et au filtre compact, ce dispositif est peu encombrant. Ce qui fait de lui la solution d’excellence pour les logements avec un petit terrain.
Voici maintenant les autres avantages offerts par la micro-station :
- Pas de terrassement d’un champ d’épandage, ce qui est synonyme d’un coût d’installation réduit.
- Le dispositif ne dégage aucune odeur : contrairement à la fosse toutes eaux traditionnelle, la micro-station n’est pas dotée d’un système d’évacuation de ces gaz, étant donné que le traitement des eaux est en permanence activée par oxygénation à l’intérieur de l’appareil.
- Un dispositif écologique : le processus d’épuration est réalisé par le biais des bactéries présentes dans les eaux usées. Le dispositif n’utilise donc aucun produit chimique.
- C’est le seul dispositif à pouvoir être installé hors-sol. Dans le cas où le propriétaire du logement ne dispose même pas d’une parcelle de terrain, cette possibilité est tout particulièrement intéressante. Il peut donc l’installer dans un garage, un hangar ou un sous-sol.
Prix
Le prix d’une micro station évolue en fonction du nombre d’habitants de la maison. Elle est par exemple accessible à partir de 6000 euros pour un logement de 2 à 5 personnes et à partir de 10 000 euros pour une maison occupée régulièrement par plus de 10 personnes.
Vous devez également considérer d’autres paramètres qui peuvent influer sur le prix du dispositif, à savoir :
- La technologie utilisée : le modèle SBR est par exemple le plus cher, mais la technologie à culture fixée offre un rendement épuratoire similaire pour un coût moins important.
- Le matériau de fabrication : de nombreux fabricants proposent encore des stations en béton. Leur prix d’achat peut être moins élevé, mais elles peuvent impliquer des coûts plus importants pour leur transport et leur mise en place, en raison de leur poids.
- Les équipements internes et externes : Une micro-station d’épuration a besoin de quelques éléments mécaniques et électroniques pour bien fonctionner. La qualité de ces équipements joue donc un rôle important dans le choix de cette filière.
- Le service client : Il est toujours plus avantageux de choisir des dispositifs dont le fabricant dispose d’un réseau d’installateurs agréé et facilement accessible sur tout le territoire.
Malheureusement, puisqu’elle ne supporte pas les variations d’occupation du logement, la loi interdit la mise en place d’une micro-station d’épuration dans une résidence secondaire. Comme alternative, vous pouvez installer un filtre compact ou bien un filtre planté.
LE FILTRE PLANTE
Les filtres plantés figurent parmi les filières agréées par le Ministère de la Santé et de l’Environnement. Ils utilisent des plantes pour épurer l’eau en guise de traitement après une fosse toutes eaux ou comme un dispositif ANC à part entière.
Le principe est simple : les eaux usées vont tout d’abord passer à travers des bassins remplis de graviers dans lesquels des végétaux macrophytes sont plantés (roseaux, jonc, massettes, scirpes, etc.). Ces plantes vont ensuite développer un complexe de racines pouvant oxygéner les bactéries épuratrices aérobies dans le sol et favoriser leur développement. Le système de racines permet également d’éviter le colmatage du le filtre planté.
Avantages
- Le système produit peu ou pas de boue. Au lieu de cela, les plantes génèrent de l’humus au moment de leur décomposition.
- Cette technique permet la récupération de l’eau pour sa réutilisation à des fins d’irrigation.
- Le filtre planté offre une bonne valorisation paysagère.
Prix
Notez que le filtre planté convient tant aux résidences individuelles qu’aux établissements collectifs. Son emprise au sol ainsi que son prix va donc dépendre de son utilisation.
À titre d’exemple, vous devez dédier une surface de 4 à 5 m2 de filtre pour un logement occupé par une famille de quatre personnes ayant un mode de vie écologique. Dans ce cas, le coût d’installation du filtre planté peut varier entre 2 700 et 3 700 euros, avec une partie des travaux effectués en auto construction.
COMMENT CHOISIR VOTRE DISPOSITIF D’ASSAINISSEMENT INDIVIDUEL ?
Vous l’aurez surement constaté, l’assainissement non collectif (ANC) peut donc se décliner en plusieurs versions. À première vue, vous avez l’embarras du choix, mais sachez qu’il est essentiel de bien définir le système le plus approprié à votre maison pour traiter efficacement vos eaux usées. De plus, ce domaine est régi par des textes législatifs auxquels vous devez vous conformer. Pour mieux vous aider, voici deux choses que vous pouvez faire pour choisir le modèle d’assainissement adapté.
Réaliser une étude de faisabilité
La loi stipule que, en tant que propriétaire d’un logement non relié au tout-à-l’égout, vous êtes responsable du choix de la filière d’assainissement pour laquelle vous opterez.
Ne soyez pas toutefois en souci pour cela, car vous pouvez vous faire aider par un professionnel de l’assainissement.
La meilleure chose à faire est donc de vous fier à un bureau spécialisé à qui vous allez confier l’étude de faisabilité de votre projet.
Le choix du dispositif pourra ainsi être déterminé par le spécialiste, lequel devra s’engager à mentionner exactement :
- Les modes de conception.
- L’implantation.
- Le dimensionnement.
- Le choix du mode et du lieu de rejet.
- Etc.
Par ailleurs, il devra être en mesure de vous fournir le montant prévisionnel des travaux pour les différentes solutions qu’il vous propose, avec plusieurs scénarios de dimensionnement.
Pour pouvoir comparer différentes offres et bénéficier du meilleur rapport qualité-prix, sans vous limiter à l’enseigne la plus proche géographiquement de votre département, il est donc recommandé de demander au moins 3 devis à plusieurs fabricants.
Bien connaître la capacité du dispositif d’assainissement
Pour bien choisir le dispositif d’assainissement individuel, il faut connaitre exactement la capacité de celui-ci. Il faut ainsi calculer l’Équivalent Habitation ou EH. Il s’agit de la quantité de pollution produite par jour par un logement. C’est à partir de ce calcul que vous saurez la capacité du dispositif qui sera adapté à votre habitation.
L’arrêté du 7 mars 2012 a posé un principe de calcul auquel vous pouvez vous référer pour calculer l’EH. Ainsi, 1 EH correspond à une pièce principale de 8 m² minimum et qui s’ouvre à l’extérieur. Cette ouverture sert au passage de la lumière et à l’aération.
Le nombre d’EH peut être défini en fonction du nombre de pièces principales. Donc :
- Une superficie de 8 à 40 m² équivaut à 1 pièce principale
- De 40 à 60 m², elle correspond à 2 pièces principales
- 60 à 80 m² de superficie correspond à 3 pièces principales
- Pour une superficie de plus de 80 m², la superficie supplémentaire doit être déterminée et 1 pièce principale doit être ajoutée. Pour chaque 20 m², il faut ajouter 1 pièce principale.
Ainsi, vous pouvez définir le nombre d’EH en vous basant sur le nombre de pièces principales que vous aurez obtenu (5 EH, 6 EH, 7 EH, etc.).
Contacter le Spanc
Le SPANC est un service public chargé de contrôler les installations d’assainissement individuel sur son territoire. Il doit donc :
- Vérifier la conformité du projet de construction ou de réhabilitation du système d’assainissement en question vis-à-vis des dispositions réglementaires.
- Veiller également à ce que le système soit adapté au contexte local. Mis à part cela, le SPANC peut aussi vous fournir des conseils précieux quant aux choix de votre filière d’assainissement.
Une fois l’étude de faisabilité réalisée, vous pouvez donc l’accompagner d’une fiche de demande de validation du projet à retirer auprès de votre commune. Ces documents doivent ensuite être transmis au SPANC. Ce dernier va ensuite faire une vérification du dossier de conception et d’implantation de votre système d’assainissement non collectif (le délégataire du SPANC peut éventuellement réaliser une visite sur le terrain en cas de besoin).
Après avoir contrôlé votre dossier, le SPANC pourra donc émettre un avis positif et valider le projet mentionné dans l’étude de faisabilité. Dans le cas contraire, il peut vous aider à choisir le système adapté à votre logement. Une fois que l’avis technique vous sera remis, vous pouvez donc acheter votre système d’assainissement et commencer les travaux.
CONCLUSION
Assainir les eaux usées, cela revient tout d’abord à les éloigner de votre maison. Mais ce n’est pas tout ! Avant cela, celles-ci doivent être traitées pour qu’elles ne représentent aucun risque pour l’environnement et la santé humaine.
Aujourd’hui, nous vous avons présenté les filières les plus prisées. Cependant, vous pouvez encore trouver d’autres dispositifs d’assainissement comme les toilettes sèches, le bambou, le lagunage, etc.
Ces solutions sont souvent considérées comme plus écologiques, mais c’est tout simplement parce qu’elles privilégient le traitement naturel des eaux usées. Ce qui est généralement le cas de toutes les filières agréées.
Retenez toutefois que ce sont des dispositifs alternatifs qui, dans certains cas, ne répondent pas aux normes en vigueur et qui ne suffisent pas à elles-mêmes. Ainsi, nous ne saurions que trop vous recommander d’opter pour les solutions d’assainissement agréées.
Quel que soit le système que vous voulez mettre en place, il est toujours préférable de consulter le SPANC. Ce service a pour vocation de vous accompagner dans le choix de votre dispositif jusqu’à sa mise en place, voire son entretien, tout en préservant la salubrité publique et l’environnement.